Un projet théâtral d'expérimentation de la démocratie

"Espaces de démocratie"
"(...)Du 30 Novembre au 2 Décembre 2010 à 20h30

Expérimenter la démocratie comme quelque chose de non-fixe, un lieu qui dévie sans cesse. Le lieu c’est le plateau, l’espace de jeu, l’espace de représentation. On ne sait pas d’où on part et on ne sait pas où on va. On a à sa disposition un certain nombre d’éléments, qui sont des possibilités. Juste ce qu’on voit ou perçoit devant soi. S’organiser, inventer une vie en commun dont la question, le noeud serait la communauté elle-même. Chacun y apporte, à travers son corps, sa culture. Non pas trouver un dénominateur commun au risque de gommer ce qui distingue l’un de l’autre, mais s’amuser à confronter et juxtaposer toutes les singularités. Les confronter et les faire cohabiter dans un réajustement permanent, parce qu’un petit coup de vent, un mot, une pensée, un besoin, tout nouvel élément, à commencer par le temps, fait tanguer l’édifice et mélange toutes les cartes.

Ce projet théâtral se propose d’expérimenter la démocratie en la pensant comme quelque chose de non-fixe, un lieu qui dévie sans cesse. On ne sait pas d’où l’on part, on ne sait pas où l’on va. On a à sa disposition un certain nombre d’éléments, qui sont des possibilités pour fabriquer des combinaisons pendant un temps donné.

Il n’y a pas de « situation dramatique », la matière première étant les joueurs (acteurs comme spectateurs), qui sont tout sauf des êtres innocents, et qui n’ont rien laissé d’eux-mêmes au vestiaire.

Le spectateur arrive dans un endroit qui est resté dans l’état de la dernière pause et dans lequel il n’y a pas de place assignée. Il se met quelque part mais il doit savoir qu’il n’y est pas assujetti. Il faudrait aussi qu’il ne s’attende à rien et est donc prévenu de cela.

Ceux qui sont déjà dans cet endroit, les acteurs, n’ont pas de consigne de résultat ; il ne doivent pas produire quelque chose selon les règles habituelles de la dramaturgie.

Ils possèdent une grammaire de gestes, de mots, de figures théâtrales, ils ont déjà une expérience commune, et il s’agit pour eux de laisser aller leurs corps comme le poète laisse aller sa pensée, comme le marcheur laisse aller ses pas au fil de l’écoute, et de laisser surgir du sens sans vouloir faire sens.

On sait tous qu’on a à sa disposition les outils que l’on voit dans cet espace, des livres, des chaises, des tables, choisis parce qu’ils questionnent et servent à la mise en commun, et personne ne sait comment cette communauté nouvelle et éphémère va s’organiser, ni quel jeu chacun pourra ou voudra y jouer.

On assiste ou participe donc à la composition, la dissolution, la transformation de formes inédites.

L’improvisation s’arrête arbitrairement au bout d’un temps donné (une heure), et l’expérience est prolongée par une discussion de la même durée, qui a pour but non pas de décrypter ou de résoudre l’expérience mais de la prolonger, en mettant à jour les singularités de perceptions, les différences, voire les dissensions qui fondent toute expérience commune.

Il ne s’agit on l’aura compris en aucun cas de parler de la démocratie comme d’un consensus linéarisant et confortable, ni de la défendre comme régime, mais de l’aborder comme une question incontournable de notre condition d’homme moderne.(...)"

(Toutes les données pratiques du spectacle, conditaions, tarifs comme la liste des actueurs participants sont à retrouver sur le site en lien)