La police à la fac de Caen - 9 novembre

Les forces de l’ordre font évacuer deux bâtiments du campus 1, à Caen

Avec le renfort d’un escadron de gendarmes mobiles, les policiers de Caen ont ce matin à 6 heures fait évacuer les bâtiments Sciences et Lettres du campus 1 de l’université de Caen. Le premier bâtiment était vide, le second abritait une demi-douzaine de «bloqueurs» qui ont disparu à l’arrivée de la police. Ceux qui souhaitent rentrer dans le bâtiment Lettres ont fait l’objet d’un contrôle d’identité. Le blocage de l’Université avait été voté par 180 pour et 154 contre lundi à midi. La présidence de l’Université avait hier soir contacté la préfecture en vue de mettre fin à cette occupation.

Leur presse (Ouest-France), 9 novembre 2010.



Ils bloquent le campus puis s'en vont…

Le campus 1 a été à nouveau bloqué hier. Jusqu'à ce que la trentaine d'étudiants bloqueurs quitte les lieux hier soir.

Lundi, 12 heures, dans l'amphithéâtre Tocqueville du campus 1. Les étudiants passent au vote. 180 pour, 154 contre. Le blocage des bâtiments est de nouveau voté lors d'une assemblée générale étudiante.

Un vote fondé sur des revendications diverses. «Il n'est pas représentatif, s'offusque Anthony, étudiant en première année de biologie. Il n'y a que 300 votants, alors qu'on était presque 2000 les premières fois.» La Fédération des étudiants Caen et de Basse-Normandie (Fedec) demande à la présidente de l'université de «prendre ses responsabilités et d'organiser au plus vite un vote à bulletins secrets afin d'en finir avec ces mascarades de démocratie». Un avis partagé par plusieurs autres du bâtiment Droit.


La direction hausse le ton

Entre 12 heures et 14 heures, les pro-bloqueurs parviennent à obstruer les entrées du bâtiment Lettres et l'entrée D du bâtiment Sciences. Au grand dam de ces étudiants de Droit. Devant son impuissance, l'un d'eux lâche un coup de poing. S'en suit un début de bagarre générale entre une dizaine de personnes. Mais très vite, le calme revient.

Pas refroidis, les anti-bloqueurs ont essayé de rendre accessible le bâtiment Lettres. Sans succès. Une fois dehors, ces derniers manifestaient leur mécontentement. «En n'agissant pas, la présidence légitimise le mouvement, pestait Jim, en première année de Droit. Les forces de l'ordre doivent intervenir.» Mais la rumeur annonçant leur arrivée n'a fait que courir.

Il a fallu attendre 18h30 pour connaître la position de la présidente de l'université. Josette Travert n'a cette fois-ci émis aucun arrêté de fermeture administrative. Car elle ne reconnaît pas la légitimité d'un mouvement «devenu très minoritaire». Et assure qu'elle «prendra toutes les mesures permettant de garantir le fonctionnement de l'université».

20h45, la trentaine d'occupants préfère finalement abdiquer plutôt que d'être délogée par les forces de l'ordre. Le campus est à nouveau débloqué.

Source : http://juralibertaire.over-blog.com/article-la-police-a-la-fac-de-caen-9-novembre-60604548.html

6h00 : un escadron de gendarmes mobiles remonte le Gaillon accompagné de policiers de Caen. Il prend position rue du magasin à poudre.
7h30 : arrivée des premiers diffeurs de tracts.
8h00 : contrôle d'identité pour ceux qui distribuer des tracts ainsi que ceux qui allaient en cours dans le bâtiment Lettres.
9h30 : départ de l'escadron de gendarmes mobiles, des policiers en tenue restent dans le sous sol du bâtiment Lettres.
10h00 : réunion de la commission action et de la commission texte afin de rédiger un communiqué suite à l'intervention policière sur le campus.
14h00 : rassemblement d'une soixantaine d'étudiants accompagnés de quelques enseignants au phénix. Un fourgon de police est stationné derrière les fontaines de la place Michel de Bouärd.
14h20 : arrivée de deux fourgons supplémentaires de police ainsi qu'une voiture.
14h45 : les manifestants prennent la direction du bâtiment présidence derrière deux banderoles "la fac est un lieu de savoir, la police dehors !!" et "polisse academie".
15h15 : les manifestants ont réussi à ouvrir l'Aula Magna et s'y engouffrent. La salle attenante à la salle du conseil est envahie. Les banderoles sont accrochées aux fenêtres.
15h30 : les policiers dans les véhicules face à l'esplanade commencent à se changer en tenue de maintien de l'ordre
15h35 : les véhicules prennent la direction de la rue Lecornu puis reviennent vers le campus en passant par la rue de la Délivrande. Ils s'arrêtent le long de la voie de tram, au niveau du bâtiment Inscriptions.
16h00 : arrivée de plusieurs véhicules banalisés de police. Des chefs en descendent.
16h10 : deux gradés de la police pénètrent sur le campus et rentrent dans le bâtiment de la présidence.
16h15 : les policiers en tenue de maintien de l'ordre sortent des véhicules.
16h20 : les policiers rentrent dans leurs véhicules
16h30 : les étudiants se réunissent dans l'Aula Magna pour décider des suites de l'action.
16h35 : les manifestants sortent ensemble du bâtiment derrière les banderoles et se dirigent vers le phénix. Les véhicules de police quittent la route de la Délivrande et descendent le Gaillon.
16h45 : les manifestants descendent en ville et se fixent place Bouchard. Ils y distribuent le communiqué qui dénonce l'intervention policière.
17h00 : un slameur déclame ses vers place Bouchard.
17h40 : les manifestants remontent vers le campus.
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Communiqué de presse de l’intersyndicale CGT – SUD-Éducation – UNATOS-FSU des personnels de l’Université de Caen Basse-Normandie


Ce mardi 9 novembre, à partir de 6h du matin, l’équipe de direction de l’Université de Caen a fait intervenir les « forces de l’ordre » (Gendarmes Mobiles, Brigade Anti Criminalité, Police Nationale) pour débloquer certains bâtiments du campus 1 occupés par les étudiants depuis lundi après-midi, suite à la décision de leur Assemblée Générale pleinement légitime. Les étudiants ont eu le temps de sortir des bâtiments peu avant cette intervention.

Comment en est-on arrivé là ? Contrairement aux « blocages » précédents lors desquels des arrêtés de fermetures administratives étaient pris très rapidement par l’équipe de direction de l’Université, y aurait-il cette fois une stratégie de tension ? S’agirait-il, en laissant les bâtiments ouverts, de créer les conditions d’affrontements verbaux et physiques entre étudiants partisans et opposants au « blocage », pour mieux légitimer ensuite l’intervention
des « forces de l’ordre » ? En fin de matinée, des agents de la Police Nationale étaient encore en faction derrière le bâtiment Lettres ; cette présence a-t-elle vocation à durer ? Et combien de temps les bâtiments universitaires seront-ils gardés par des vigiles de sociétés privées de surveillance ?

Indépendamment de ce que les uns et les autres peuvent penser de la stratégie et des modes d’action des étudiants mobilisés dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites, l’intersyndicale CGT – SUD-Éducation – UNATOS-FSU condamne avec une extrême fermeté cette intervention des « forces de l’ordre », les contrôles d’identité et les fouilles de sacs d’étudiants, et la présence policière sur le campus. Cette présidente est la première depuis les années 1970 à demander, avec l’appui de son équipe de direction, l’intervention de la police à l’Université.

Contrairement à l’équipe de direction de l’Université qui affirme, dans son communiqué du 09/11/2010, que les activités universitaires peuvent « se dérouler aujourd’hui normalement sur l’ensemble du campus », nous considérons que cette situation est intenable et que les personnels de l’université ne peuvent pas « exercer dans la sérénité [leur] pleine mission de service public d’enseignement et de recherche ». L’intersyndicale CGT – SUDÉducation – UNATOS-FSU appellera donc les personnels à cesser le travail en cas de présence policière sur le campus, et dépose dès aujourd’hui un préavis de grève dans le cas où cette situation se reproduirait.

L’intersyndicale CGT – SUD-Éducation – UNATOS-FSU réaffirme son opposition à la contre réforme des retraites et exige son abrogation.